Doxas & Fils: la musique dans le sang

Les jazzmen de la famille Doxas dans leur studio à la maison: le batteur Jim Doxas, le multi-instrumentiste George Doxas et le saxophoniste Chet Doxas.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

S’il y a un nom qui sonne des cloches sur la scène jazz de Montréal, c’est bien celui de la famille Doxas. George Doxas, 65 ans, est multi-instrumentiste, pédagogue à la retraite, propriétaire d’un studio d’enregistrement, producteur et programmateur musique du Centre Segal. De surcroît, homme de famille, père aimant et fier partisan de ses deux fils jazzmen: Jim, 35 ans et batteur, et Chet, 32 ans et saxophoniste, parmi les plus doués de la profession dans l’île.

Né à Montréal, George Doxas est fils d’immigrants. Il a grandi dans le secteur modeste de Westmount, «près des boulangeries, près de la voie ferrée, près des rats», précise-t-il.

«Mon père tenait un restaurant [Jimmy’s Lunch], comme tous les Grecs de Montréal à l’époque. J’ai grandi dans un environnement où les traditions musicales étaient maintenues et alimentées. Dans les années 60, j’ai étudié la musique à l’Université McGill, j’y suis devenu guitariste classique. J’ai aussi appris à maîtriser différentes traditions de folklores et musiques sacrées, chrétiennes et juives.

«J’ai beaucoup joué et j’ai adoré enseigner la musique. Quand j’ai pris ma retraite, j’ai tenté quelque chose de neuf, soit la programmation de la musique au Centre Segal. C’est pour moi une transition intéressante. La série consacrée au jazz fonctionne très bien, d’ailleurs. Très bel endroit pour entendre de l’excellente musique et faire valoir la scène québécoise, montréalaise, francophone, anglophone, allophone… cacophone!»

Nés pour être jazzmen

Originaire du Maryland, Cheryl, femme de George Doxas, lui a donné deux fils. Très tôt, le couple a su que Jim et Chet deviendraient musiciens.

«Dès l’âge de 3 ou 4 ans, il était évident que Jim deviendrait batteur. Il fallait le voir avec des baguettes! Plus tard, Jimmy a pu se développer à l’école secondaire où j’enseignais. Puis, il a bénéficié des connaissances du grand Pete Magadini, qui était son professeur. Chet était aussi un musicien, c’était évident. Il a commencé à jouer de la clarinette à l’âge de 8 ans. Puis, il a commencé le saxophone à l’école secondaire, où il s’est distingué dans les grands orchestres. Le regretté saxophoniste classique Gerry Danovitch l’avait alors pris sous son aile.

«Durant cette période, poursuit papa George, j’ai construit un studio d’enregistrement au domicile familial. La maison était remplie de musique. Ça a été un immense plaisir pour moi que de jouer avec mes fils et les voir grandir musicalement. Aujourd’hui, nous jouons à l’occasion, j’assure à la basse. Ma femme et moi, on est très fiers de ce que nos fils ont accompli. C’est un hommage merveilleux au nom de notre famille.»

Après l’école secondaire, Jim et Chet ont poursuivi leurs études de musique et ont amorcé leur vie d’adulte.

«Je suis allé au cégep Vanier où beaucoup de francophones étudiaient en musique. J’ai beaucoup aimé le mélange des communautés, je jouais aussi avec plusieurs étudiants de Saint-Laurent. C’était vraiment génial», se rappelle Jim, qui a achevé un premier cycle universitaire à McGill.

Aujourd’hui, il donne plus de 200 concerts par an, dont près de 70 avec le vétéran pianiste Oliver Jones, dont il est le batteur attitré. On peut aussi l’entendre jouer avec plusieurs autres formations, dont celles de Térez Montcalm, Florence K, Susie Arioli ou Sophie Millman.

Cette année, au FIJM, il a la responsabilité de mener à bien les jam-sessions, tenues du 28 juin au 6 juillet à l’hôtel Hyatt Regency.

«Les pianistes Paul Shrofel, François Bourassa et Steve Amirault se partageront la tâche. Les contrebassistes vont changer aussi – Morgan Moore, Adrian Vedady, Alec Walkington. Nous avons espoir que les jazzmen de passage y participent vraiment. J’aime cette idée de rencontre, j’aime que des musiciens montréalais collaborent avec d’autres, venus d’ailleurs.»

Chet Doxas, lui, a fait ses études collégiales à Marianapolis.

«Le programme nous donnait l’occasion de jouer dans les ensembles de l’Université McGill. J’avais 17 ans et je pouvais jouer avec des étudiants en maîtrise. C’était un formidable coup de pied au derrière, une super occasion d’apprendre. La camaraderie en musique, c’est très important.»

Chet a achevé deux cycles à McGill, puis s’est imposé parmi les meilleurs saxophonistes montréalais. Depuis quelques années, il dirige son propre ensemble et multiplie les échanges canado-américains, notamment avec le trompettiste Dave Douglas, mais aussi avec Zack Lober et Matthew Stevens.

Le musicien présentera le projet Muse Hill, qui l’associe aux frères Andrew et Brad Barr, au guitariste Joe Grass (qui remplace désormais Simon Angell chez Patrick Watson) et au contrebassiste Morgan Moore, le dimanche 30 juin, à 18h, à l’Astral. De plus, Chet et Jim seront des Triplettes de Belleville le 4 juillet, à 21h30, au Théâtre Jean-Duceppe. Enfin, le saxophoniste se produira aux côtés des fils de feu Dave Brubeck le dimanche 7 juillet, au Théâtre Jean-Duceppe.

Chet Doxas travaille aussi dans des environnements pop. Par exemple, il joue actuellement au sein de la formation de Sam Roberts.

Pour couronner le tout, les frangins Doxas animent régulièrement les lundis soir à l’Upstairs. «Je m’étonne de l’accueil qu’on reçoit des jeunes, s’exclame Jim Doxas. Étudiants en musique, leurs amis, les amis de leurs amis… Voilà le nouveau public de jazz à développer.»

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